la dissection au cours de l'Histoire

16/05/2021

Durant l'Antiquité, le corps humain étant sacré dans toutes les civilisations, leur dissection est interdite, à l'exception des embryons qui peuvent être disséqués par des savants grecs car ces embryons sont supposés non venus à la vie. Des dissections systématiques de corps humains sont effectuées pendant 50 ans sous la dynastie des Ptolémées, au début du IIIe siècle av. J.-C. Les Ptolémées confient des condamnés à mort aux médecins grecs Hérophile et Érasistrate qui effectueront plus de 600 vivisections car ils considèrent que les organes des cadavres ont une conformation et une physiologie différentes des organes vivants. Avant et après cette période, les savants semblent largement se limiter aux animaux. Le droit romain interdit la dissection et l'autopsie du corps humain, si bien que des médecins comme Galien travaillent sur le macaque berbère et d'autres primates, en supposant que leur anatomie est essentiellement la même que celle de l'homme. L'influence de Galien sera si importante, que jusqu'à deux siècles après sa mort, on commente son œuvre sans la remettre en question par d'autres dissections, ce qui empêchera l'anatomie de se développer.

Contrairement à l'idée la plus répandue, l'Église catholique n'a jamais interdit formellement la dissection humaine, seuls étaient réprimés les profanations de sépultures et les vols de cadavres : le Pape Boniface VIII, avec sa décrétale en 1299, interdit une pratique des Croisés, qui pour ramener les os de leurs compagnons morts, les découpait et faisait bouillir. Toutefois pour des raisons morales, elle reste extrêmement peu pratiquée pendant plusieurs siècles. La dissection se démocratise au XIIe siècle pour des raisons médico-légales (affaires juridiques, épidémies). Les premières dissections au sein de l'enseignement médical apparaissent en Italie, à Bologne, au XIIIe siècle, puis elles font leur arrivée en France, en 1340 à Montpellier et en 1407 à Paris. Toutefois, cette pratique ne devient courante en France qu'à partir des années 1470.

En 1543, le médecin André Vésale, premier véritable anatomiste, procède à une dissection publique du corps de Karrer Jakob von Gebweiler, un meurtrier célèbre de la ville de Bâle, en Suisse. Il remet en cause 200 erreurs de Galien. La première dissection publique d'un être humain en Europe centrale est réalisée par le médecin slovaque Ján Jesenský en 1600.

Les Pays-Bas n'étaient pas le seul pays à pratiquer des leçons d'anatomie, ni les tableaux de groupes, mais jusqu'au Haut-Moyen-Age les autopsies étaient interdites, sauf pour les cadavres des papes ou des princes. Elles ne furent autorisées qu'à partir de la Renaissance avec Léonard de Vinci qui dès 1847 entreprend de disséquer des corps, dans le projet de réaliser un important traité d'anatomie très illustré. Avant lui, les artistes, tels que Masaccio (1401-1428), Donatello (1386-1466) ou Michel-Ange (1475-1564) se contentaient d'observer attentivement des sculptures, antiques et contemporaines, et des squelettes. On dit qu'à la fin de sa vie Léonard de Vinci avait disséqué personnellement plus d'une vingtaine de cadavres.

Ce tableau est une composition faite en atelier et seul le croquis du bras écorché a été effectué sur les lieux de la dissection.


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