La posture des deux femmes
Vendredi 22 mai 2020
Nous allons tout d'abord nous intéresser à la posture des deux femmes.

La Vénus de Milo possède une taille plus grande que nature ce qui lui donne un côté imposant et majestueux et rappelle son statut de déesse. De plus, elle possède également une posture très particulière que nous allons étudier. En effet, sa silhouette n'est pas droite : elle forme une sorte de S. A partir du Vème siècle, les statues adoptent souvent une forme de courbe qui contraste avec la silhouette droite et rigide utilisée auparavant. Ce déhanchement des statues explique la présence d'éléments à côté du corps comme un vase sur lequel la déesse pose ses vêtements, un tronc d'arbre sur lequel s'appuie le personnage comme sur cette statue d'Apollon (à gauche)
Ces éléments permettent un appui à la statue et joue ainsi le rôle de support puisque le le désaxement de la statue qui déplaçait son centre de gravité et la rendait instable.
Pour en revenir à Vénus, nous pouvons ainsi comparer son allure à celle du tableau de Botticelli. Sa posture est inspirée de l'Antiquité et de la mythologie grecque. C'est une position classique, dite en « contraposto », c'est-à-dire que les hanches sont dans une direction contraire aux épaules. À l'origine, l'attitude dite de "contrapposto" apparaît dans la sculpture grecque à la fin du VIème Siècle av. J-C. Elle marque la transition entre l'art archaïque et le premier classicisme. Par ailleurs, contrairement à des portraits plus académiques où la posture est droite et les pieds bien ancrés dans le sol, l'équilibre de Vénus nous paraît ici très instable. Bien qu'il soit léger, son déhanchement hérité de la statuaire grecque évoque le mouvement.
De la statuaire grecque classique, Botticelli a repris l'appui sur une seule jambe ainsi que le déhanchement gracieux. Cet appui sur une jambe est également présent dans la Vénus de Milo puisque sa jambe gauche est en avant ce qui suggère un appui plus prononcé sur sa jambe droite.
La posture donnée à Vénus dans ce tableau rappelle celle de la Vénus dite de Médicis, une sculpture de marbre du Ier siècle av. J.-C., statue qui faisait partie des collections des Médicis (à droite)
Les postures des deux Vénus leur confère un certain mouvement avec ce déhanché qui accentue leurs formes. Chez la Vénus de Milo, le mouvement est également créé par le drap qui la couvre : les reliefs du vêtement épousent la pose des deux jambes. La fluidité, les plis et les replis du drapé rendent plus vivante cette partie de la sculpture en mêlant des mouvements horizontaux, verticaux et obliques. Tout son corps semble être dans un même mouvement de torsion : l'appui d'un pied et l'avancée d'un genou, le déhanchement et l'orientation de la tête lui donne une attitude décidée et fière, attitude qui est renforcée par l'attitude de son visage, ce que j'étudierai demain !
