Une nudité plus ou moins cachée
Mercredi 27 mai 2020
Je poursuis ma comparaison des deux Vénus en me penchant cette fois-ci sur le choix de leur nudité.

La Vénus de Milo a tout le buste découvert : on peut voir ses seins ainsi que les muscles de son ventre. Le bas de la statue est caché par un drap qui semble tomber de ses hanches, dévoilant le haut de sa cuisse droite. Cela fait ressortir les formes de la femme adulte dans toute la splendeur de sa féminité et dégage ainsi une certaine sensualité. Cependant la nudité reste chaste car son sexe reste voilé et il n'y a pas de volonté séductrice dans l'attitude de la statue.
Quant à la Vénus de Botticelli, j'ai lu dans plusieurs ouvrages des informations sur la symbolique du nu-féminin dans ce tableau. Voici une synthèse des informations que j'ai notées :
La Naissance de Vénus est l'occasion de réintroduire le nu féminin dans l'art occidental. Cette forme d'expression artistique, très courante dans l'Antiquité gréco-latine, avait disparu à la fin de l'Empire romain, lorsque le christianisme était devenu la seule religion autorisée. Pour les premiers chrétiens, la nudité, c'était mettre en avant la nature animale de l'homme, ce qui est contraire à la doctrine chrétienne qui cherche à mettre en avant l'aspect spirituel de l'humain.
Pendant tout le Moyen Âge, les seules représentations de nus autorisés sont ceux d'Adam et Ève, le plus souvent représentés en petite dimension et une partie de leur corps dissimulée.
À la demande de ses riches commanditaires, Botticelli, au sommet de sa renommée, réintroduit le nu féminin dans l'art. Une quarantaine d'années auparavant, le sculpteur florentin Donatello avait déjà réintroduit cette nudité avec une statue grandeur nature du roi David encore adolescent. (à gauche)
Pour contourner la censure et satisfaire la morale chrétienne, Botticelli dissimule une partie de la nudité de Venus : elle cache de sa main droite un de ses seins tandis que l'autre reste à moitié visible. Quant à son sexe, ses longs cheveux sont volontairement rabattus sur son sexe avec sa main, ce qui témoigne de la pudeur de Vénus. A droite, l'Heure s'apprête à recouvrir sa nudité avec le tissu qu'elle lui tend. Malgré ces signes apparents de pudeur, on peut retrouver plusieurs symboles du sexe féminin dans le tableau : tout d'abord la coquille Saint-Jacques dont on voit l'intérieur nacré dans laquelle elle se tient est est l'un des symboles du sexe féminin dans cette fin du XVe siècle. De plus, on pourrait interpréter la boucle de cheveux entre ses jambes qui forme une sorte de fente comme la représentation symbolique de son sexe.